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Les récits de Lou-Ann

Écrivaine à ses heures perdues, oubliée dans la campagne bretonne

Le monde de Henry, Chapitre I

Publié le 6 Octobre 2016 par Lou-Ann Suignard in Romans

Le monde de Henry, Chapitre I

Blanc

Que dire? Que faire? Que puis-je trouver? Que puis-je créer? Une idée? Un soupçon d'ingéniosité?

Rien. Absolument rien. C'est comme un vide en moi, un blanc. Blanc comme cette page qui me regarde, me dévisage, me hante. Un mois que je reste assis sur cette chaise monotone. Un mois devant ce bureau sans moindre détail. Un mois devant cette page toujours blanche.

Les aventures de Catharina me manquent.

Pourquoi? Pourquoi cette lettre est là, posée à côté de moi, se moquant éperdument de mon incapacité, de ma terreur? Ce n'est pourtant pas si compliqué d'écrire. J'ai toujours fait ça, toujours. Et là, à la demande de mon éditeur, sous la pression de ma magnifique comptable, mariée, je n'y arrive plus. Comme une sentence.

Oh Catharina comme tu me manque. Ta beauté imaginaire, ton rire réel, ton caractère utopique, ta vie idéal. Une vraie chimère, sublime et éblouissante. Pourquoi ais-je du t'abandonner, t'oublier, t'effacer? Oh Catharina reviens moi. Illumine moi de ton savoir.

L'horloge du salon sonne, me coupant dans ma tragique déclaration. Une horloge à l'ancienne, d'un bois mat, gravée de plantes et autres fantaisies de l'époque. J'aime bien ce style, un peu vieux, vintage, ringard comme dirait ma fille. Quatre heure que je suis là, et je n'ai toujours rien sorti de ma caboche. Je claque ma langue contre mon palet ce qui produit un petit bruit désagréable mais que j'apprécie. Mon ex-femme détestait ce tic. Insupportable, disait-elle exaspérée. Insupportable, oui c'est le mot. Cette situation est insupportable. Je soupire. La page blanche me fixe toujours comme pour de dire que je ne suis qu'un incapable, un bon à sen, une chose inutile.

- Oh tais-toi!

Dis-je en claquant l'écran de mon ordinateur afin de faire disparaitre ma hantise. Ça ne sert à rien. Aujourd'hui, comme hier, et celui d'avant, et les jour qui ont précédés celui-là, rien ne sortira de moi. Je me lève sans force et conviction et quitte se bureau qui m'effraie désormais. Le couloir est vide. Toutes les portes sont fermées, comme une métaphore pour me rappeler que personne ne veut de moi.

Oh Catharina, quand tu étais là, tout allait si bien.

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