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Les récits de Lou-Ann

Écrivaine à ses heures perdues, oubliée dans la campagne bretonne

HorseWolfDéfi #10 Lou-Ann

Publié le 25 Décembre 2016 par Lou-Ann Suignard in Post, HorseWolfDéfi

Titre: Les bombes de Noël
Auteur: Lou-Ann
Thème: Ville
Style de texte: Post
Nombre de mots: 670

- Passe-moi la boule verte là-bas s'il te plait. Merci.

Ah… Le sapin de Noël. C'est toujours chouette de le décorer quelques semaines avant le jour J. Surtout en famille. Cette année, on a décidé de la faire rouge et vert. Je trouve ça un peu trop banal mais bon, c'est toujours efficace. Evidemment le chat ne peut s'empécher de jouer, et on ne lui en veut pas c'est tellement adorable. La télé est allumé à côté pour qu'on puisse écouter de la musique. Bien entendu ceux sont les années quatre-vingt, sinon c'est pas drôle. Heureusement j'arrive à changer de chaine rapidement. Je tombe sur TMC. A cette heure-ci c'est Yann Barthes et sa nouvelle émission Quotidien. J'aime bien la plupart des sujets qu'il traite, lui et ses camarades comme Hugo Clément ou Martin Weil. Ces deux derniers font des sujets plus qu'intéressants.

- Alors Hugo? Des nouvelles?

Je me tourne vers notre télé. Aucun des deux animateurs ne sourient. Ce qui est rare. Il expose plutôt une belle image de la mine sombre. J'écoute attentivement les mots qui suivent. Alors le jeune expose la situation de Alep en Syrie, nous parle de bombardements, de morts de civils, et nous explique alors en détail la situation là-bas. Il nous parle ensuite d'un jeune homme, prénommé Ismaël, habitant de Alep et secouriste. Je regarde attentivement l'homme qui apparaît à la télé au travers d'une conversation Skype. Il semble plutôt calme malgré la situation autour de lui. Mais les traits de son visage sont marqués par la fatigue. Je ne peux détacher mon regard du secouriste. La situation là-bas me parait désormais bien plus proche maintenant qu'un visage humain est déposé sur les images de ruines. Il y a des gens. Des gens bloqués. Des gens qui ont peur. Des gens qui ont tout perdus. Des morts aussi. Et nous, nous sommes là, devant le sapin de Noël, à le décorer, en écoutant des chansons des années quatre-vingt. En cet instant je me sens si ridicule. Je me sens être un monstre. Ces gens là-bas souffrent, et personne ne les aide, personne ne pensent à eux. Tout le monde s'en fiche car ici c'est Noël.

Désormais chaque soir je regarde Quotidien, en attente de nouvelles de ce pauvre jeune hommes et de ses camarades perdus dans Alep. Chaque soir j'ai peur d'entendre l'annonce de la mort de ce secouriste. La mort complète de cette ville dont personne n'écoute les cris.

Au fur et a mesure, Alep se meure a petit feu. Plus les jours passent plus le nombre de mort et de ruines augmente. Alep hurle, mais personne ne l'écoute. Elle est là, seule, sous les bombes.

Un soir pendant que j'écoutait attentivement le reportage encore pleins de nouvelles, un grand fracas parcouru la pièce. Une bombe dans la télé? Non, non. Juste mon chat qui casse les boules de Noël du sapin. Ce jour là je ne l'ai pas grondé car j'étais soulagé que ce ne soit pas la pauvre Alep qui appelait à l'aide.

Le soir précédent, les nouvelles étaient plus précise, et sur les images on voyait Ismaël avancé dans une ruelle. J'écoutait attentivement. Ce jeune homme là, était plein de courage et de bonté envers les autres. Un vrai être humain comme nous devrions tous l'être. Et soudain un boum! Je me tourne vers le sapin prête à lancé mon chausson sur le chat. Mais rien à côté de moi.

"A l'aide!"

Cette fois je l'ai entendu et bien entendu. La boule de Noël était en faite une bombe. Une bombe sur la pauvre ville d'Alep et ses habitants. Une bombe inhumaine et pourtant créer par l'homme. Je sentais en moi monter cette phrase ironique et pleine de haine:

"Joyeux Noël Alep"

Les bombes de Noël étaient tombées. Sur Alep. Sur l'humaine oublié.

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