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Les récits de Lou-Ann

Écrivaine à ses heures perdues, oubliée dans la campagne bretonne

Légendes des Cieux, Chapitre XX

Publié le 26 Août 2016 par Lou-Ann Suignard in Romans

Légendes des Cieux, Chapitre XX

Les nuages

- Que ceux qui savent utiliser la Communion d’esprit viennent se placer en première ligne!

Nous approchons. J’espère vraiment que ce sera la dernière. Je demande à Baro d’aller se placer. Nous sommes beaucoup plus nombreux en première ligne que la dernière fois. Déjà Simra nous à rejoins, et d’après Maître Klummla, Klisma est en mesure de l’utiliser mais n’a pas encore réussi. Et puis il y a notre souverain, ainsi que celui de Haal et quelques uns de ses chevaliers. Emeyrria est juste à côté de moi. Elle a l’air confiante. Cette nuit à ses côtés a été la plus belle de toutes. Nous prenons de l’altitude. La bataille va bientôt commencer. Je remarque que les monstres en contrebas nous ont remarqués. La corne de brume retentit. Ils vont se mettre en position.

- Bonne chance, je lance à Emeyrria.

Elle me remercie d’un signe de tête. Les premiers chevaliers sautent de leurs Vlomays. Emeyrria s’élance à son tour. Je bascule sur le côté et me laisse tomber dans le vide. Je jette un coup d’oeil vers ma camarade qui se transforme. Puis je me tourne vers Simra, lui aussi transformé. Je ferme les yeux et laisse la senteur de la forêt m’entourer et sa vitalité m’envahir. Mon cœur bat la chamade. J’ouvre les yeux. Je tombe violemment sur le sol la seconde suivante. Je regarde les monstres m’entourant. Je sens une haine grandir en moi. Je me jette en avant et plante mes bois dans le corps du premier monstre. Il voltige au loin. Je me cabre et frappe avec la lourdeur de mon poids la tête d’un deuxième. Je donne des coups de tête dans tous les sens. Je m’élance dans une direction au hasard et écrase tous les monstres dans mon chemin. Vous allez payer pour tout ce que vous avez fait! Pour Eryl et Lomunia! Pour garder Meyla en otage et avoir frappé Emeyrria.

- Pour mes parents!

Je me cabre et retombe violemment. Je donne un coup dans le buste d’un monstre avec mes pattes arrières. Il en entraine deux autres avec lui. Les autres ne devraient pas tarder. Je devrais me rapprocher d’eux. Je m’élance en direction des premières lignes. J’entends mes sabots cogner le sol avec force. Je me faufile dans la masse noire se mouvant. Au passage j’en frappe quelques uns. Soudain Emeyrria déboule devant moi.

- Ils sont là, me crie-t-elle en me voyant.

J’acquiesce.

- Tu as vu Simra?, je lui demande.

- Oui, il va bien. Il est déjà parti vers l’avant.

Elle saute sur le dos d’un monstre et lui arrache la tête. Je bouscule un autre qui voulait s’en prendre à mon amie. Nous reprenons notre course. Je ne me rendais pas compte que nous étions si loin des premières lignes. Je baisse la tête pour que mes bois se plantent dans le corps de plusieurs monstres. Puis je les jettes au loin d’un mouvement sec de la tête. Je me sens si fort quand Emeyrria est à mes côtés. Celle-ci se précipite en avant et accélère le rythme de course. Je n’arrive plus à la suivre mais je cours dans la trainée qu’elle laisse derrière elle. Nous atteignons enfin le devant de la scène. J’aperçois un peu plus loin Simra et Klisma. Mon ami a repris sa forme normale. J’observe les alentours. Nous avons clairement le dessus, pour la première fois depuis le début de cette guerre. Les ennemis tombent un par un. Je remarque quand même une ou deux pertes de notre côté. J’aperçois Emeyrria se battre avec une rage immense. Elle doit avoir envie de se venger. Je me sens sourire. Ce n’est pas vraiment le moment. Une envie soudaine me prend de crier, hurler la joie qui m’envahi à l’idée de gagner cette bataille. Une sensation de puissance me submerge. Je m’élance à toute allure et tue tout ce qui bouge. Parfois je croise mes camarades mais ce n’est qu’un court instant. Je lance mes sabots et mes bois à tout va. Je frappe avec violence. Je sens le sang noir à mes pieds. Cela me rassure, ce n’est pas le mien. Et ma plaie au flan ne me fait pas souffrir. Tout me semble rapide autour de moi. Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là mais je ne ressens aucun épuisement. Je me bat avec toute ma rage pour ceux mort avant nous. Je leur dois bien ça. Tout va si vite, et quelques temps plus tard je finis par me rendre compte que les monstres font marche arrière. Je m’arrête net. Ils sautent de l’île! Je m’élance sur le bord et observe les monstres traverser les nuages.

- Il parait qu’ils ont eu la folie d’aller voir en dessous des nuages.

En dessous?

- Ils pensaient vraiment qu’il y avait quelque chose là dessous.

Ils se suicident? Ou bien il y a réellement quelque chose en bas? Je reste un long moment à contempler les nuages. C’est le roi qui vient me sortir de mes pensées.

- Tu as fait du bon boulot, Vlimcra, me dit-il.

- Merci.

- Puis-je te demander un dernier service?

- Bien sûr, il s’agit de Meyla?, je demande.

- Oui.

- J’y vais de ce pas. Puis-je emmener Emeyrria avec moi, elle connait mieux les lieux que moi.

- Il n’y a pas de soucis pour moi.

- Merci.

Emeyrria m’attend déjà un peu plus loin. Yol et Baro à ses côtés. Nous montons sur nos partenaires et nous envolons vers l’ancien habitat des monstres.

- Comment appelles-tu ces choses déjà?, je lui demande.

- Les Olicays?

- Oui, c’est ça. Tu as vu? Ils ont sauté.

- Oui, j’ai vu.

- Dit?…

- Quoi?, elle demande.

- Tu penses qu’il y a quelque chose en dessous?

- Sérieusement je m’en fiche. Nous avons gagné et nous allons enfin pouvoir reprendre une vie normale. Je n’ai pas envie de me poser ce genre de questions pour le moment.

- Tu as raison.

Elle me souri. Nous mettons très peu de temps à atteindre l’île. Elle est vide. Nous entrons sans aucun soucis dans la forteresse souterraine. Nous ne parlons pas et descendons très profond. Je n’ai jamais vu une île s’enfoncer si bas. Je laisse Emeyrria nous guider. L’ascenseur est en panne.

- Normal, les forges ne sont plus en fonctionnement, m’explique-t-elle.

Nous descendons par les escaliers. Cela nous prend un peu de temps. Une envie irrésistible de l’embrasser me prend.

- Dit?, je demande.

Elle s’arrête et se tourne vers moi. Elle est resplendissante. Je m’approche d’elle et lui prend la main. Je plonge mon regard dans le sien. Je pose mes lèvres sur les siennes. Nous nous séparons après quelques secondes.

- Tu vas l’expliquer à Meyla?, me demande-t-elle.

- Je suis obligé.

Nous reprenons la route en silence. Il nous faut une bonne heure pour atteindre une sorte de prison. Emeyrria prend le trousseau de clé posé sur une table et se dirige vers le fond du couloir. Je la suit de prêt. Une petite silhouette se discerne au fond de la cage devant laquelle mon amie s’est arrêtée.

- Je savais que tu viendrais, Emeyrria.

Meyla se tourne vers nous. Mon amie se dépêche de lui ouvrir et la prend dans ses bras. Toutes deux semblent devenues de bonnes amies. Je les regardes quelques minutes. Aucune des deux ne pleure, mais on sent le bonheur et la joie dans leur regard. Finalement elles se séparent. Meyla se tourne vers moi et me souri. Elle ne se précipite pas vers moi. Elle m’enlace un court instant.

- Je suis tellement heureuse de vous revoir, dit-elle un immense sourire sur le visage.

Nous acquiesçons.

- Euh, Meyla j’ai une chose à te dire, je commence.

- Je sais. Ne t’en fais pas.

Je relève la tête en direction de mon amie.

- C’est pas comme si tout le monde l’avait remarqué à l’école, dit-elle en rigolant. Et puis vous savez, je m’en fiche. Je n’ai fais que semblant moi aussi. Mon père m’avait dit que c’était pour le peuple. Je n’ai jamais compris mais j’ai obéis. Maintenant je comprends, pas tout je pense.

Elle rigole.

- Tu n’es pas très discret Vlimcra tu sais.

Les deux filles se regardent avant de pouffer de rire. Je ris gêné. Nous remontons à la surface avec bonne humeur. Je propose à Meyla de monter avec moi sur Baro mais elle refuse.

- Je n’ai pas envie de finir brûlée, ironise-t-elle.

Elles s’entendent vraiment bien maintenant. Je ne peux plus les séparer. Nous retournons à Erevy. Je jette un coup d’oeil au champ de bataille en passant à côté. Il est jonché de corps de monstres et de leur sang. Je sens un frisson me parcourir le corps. C’est finit maintenant. C’est finit. Je soupire. Les deux filles ne font que parler entre elles à côté. Je suis totalement exclus de leur conversation. C’est dingue. Quand je pense qu’avant elles se détestaient. Enfin, juste Meyla. Je souri.

- Toi au moins tu es gentil, dis-je à Baro.

Il pousse un cri. Je rigole. Nous rentrons au plus vite et rejoignons le palais. Sori, le roi et sa femme se jettent sur Meyla. Les larmes de joie coulent cette fois-ci. Je regarde Emeyrria. Nos regards se croisent. Nous quittons le palais.

- On va où?, elle demande.

- Sur la petite île, je propose.

- D’accord, elle souri.

Je lui prend la main. Tout est fini. Papa, maman, c’est fini. Vous n’êtes pas mort pour rien. Merci.

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